P. Aurelio, missionnaire carme italien (de Cuneo), écrit ce blog, est en Centrafrique depuis 1992 Après 11 ans à Bouar, il est curé pendant 17 ans à Bozoum, où la Mission s'occupe de 40 villages et de 20 écoles (de la maternelle au lycée), un centre pour 200 orphelins, un dispensaire et d'autres activités de développement Depuis novembre 2020, il est à Baoro. Le 23 février 2024 il est nommé évêque coadjuteur de Bangassou, diocèse de 135 000 km2 situé au sud-est de la Centrafrique
dimanche 28 avril 2013
Il pleut...
Il pleut ...
Il pleut.... La situation dans le pays, plus d'un mois après le coup d'Etat, continue d'être chaotique et tragique. A Bangui continuent les pillages et des coups de feu, et la même chose se passe un peu partout dans le pays.
Vendredi à 23h40, le téléphone sonne. Le P. Marco m'informe que les rebelles sont revenus à Yolé, le séminaire dans lequel vivent et étudient quatre-vingts garçons. Beaucoup de peur, des coups de fusil, vols et menaces. Dieu merci, aucun blessé ou pire.
Cette semaine, ici à Bozoum ils ont tué un enseignant. Les rebelles sont partis à un village pour chercher une voiture caché par un commerçant, sont arrivés et ont pris l'enseignant. Ils l'ont ligoté et battu pour se faire indiquer le lieu. Ensuite, ils l'ont tué. Et le même jour, les rebelles se paradaient avec cette voiture sur la route principale ....
Il n'y a aucune justification pour cela. Seulement la méchanceté et l'incapacité de ceux qui veulent le pouvoir, sans vouloir en assumer aucune responsabilité.
Comme disait Gandhi:
- Pas de richesse sans travail
- Pas de plaisir sans connaissance
- Pas de connaissance sans vertu
- Pas de commerce sans moralité
- Pas de science sans humanité
- Pas de culte sans don de soi
- Pas de politique sans principes
dimanche 21 avril 2013
Quelques semaines après...
Dessein des enfants: l'Eglise de Bozoum, avec son clocher... |
Quelques semaines
après…
Quatre semaines
se sont maintenant écoulées depuis le coup d’Etat ... mais nous sommes encore
dans le chaos!
Samedi dernier, un Conseil national de transition (qui devrait représenter l'ensemble du pays) a choisi par acclamation le seul candidat à la présidence, qui était le président auto-proclamé ....
Dans le même temps, continuent les pillages et les meurtres. Samedi et dimanche en particulier, les rebelles sont entrés dans certains quartiers de Bangui officiellement pour désarmer la population, mais en réalité ils ont volé tout ce qu'il avait un peu de valeur . Il y a eu une quelques réactions, et les rebelles ont tiré. Bilan: une vingtaine de morts pendant le week-end. Parmi ceux-ci étaient des enfants, qui se trouvaient dans une église qui était touché par des tir d’obus ...
Et ceci aussi dans le reste du pays. Les Pères Capucins ont dû abandonner la Mission de Gofo. Mais toutes les autres villes ont subi des dommages et sont dans la peur à cause de ces rebelles. On ne sait pas ce qu'ils veulent faire. Ils sont tout détruit: administration, économie, politique ...
Malheureusement, les politiciens (même ici!)et les leaders brillent pour leur incapacité et leur opportunisme ...
La seule voix qui s’est levée avec force et courage est celle de l’Archevêque de Bangui. Dans son homélie, dimanche dernier, et dans une interview à Radio Vatican (que vous pouvez lire ici http://www.beafrika.net/Le-temoignage-de-l-archeveque-de-Bangui-face-au-chaos_a761.html) il n'a pas eu peur de dire ce qui se passe, et qu'il voit tous les jours en visitant son peuple.
Il dit: "Tout le quartier hier (mardi) s’était vidé parce qu’il y avait une peur bleue comme quoi on allait brûler le quartier. Moi-même j’ai accompagné des enfants à pied pour leur faire traverser la route. Car tous ces enfants avaient peur y compris les parents. Psychose, scènes d’angoisse. Et je me pose la question comme peut-on accepter de traumatiser les plus petits enfants qui sont l'aujourd’hui et le demain d’un pays ? Rien qu’à voir les armes, les coups de feu et les véhicules qui roulent à vive allure, tous ces enfants ont peur. Il n’y a pas de climat de confiance mais avec qui on va travailler ? ce sont des questions que les nouveaux responsables doivent se poser eux-mêmes. Il est temps de créer ce climat de confiance. Il est temps de sécuriser les personnes et nous attendons cela des responsables politiques. Or actuellement nous avons l’impression que les éléments du Séléka qui ont tout le pouvoir, peuvent faire ce qu’ils veulent. Le moment est venu pour que ceux qui les ont amenés puisent les discipliner, les caserner, les cantonner et les désarmer afin que la population puisse vaquer à ses occupations. "
Samedi dernier, un Conseil national de transition (qui devrait représenter l'ensemble du pays) a choisi par acclamation le seul candidat à la présidence, qui était le président auto-proclamé ....
Dans le même temps, continuent les pillages et les meurtres. Samedi et dimanche en particulier, les rebelles sont entrés dans certains quartiers de Bangui officiellement pour désarmer la population, mais en réalité ils ont volé tout ce qu'il avait un peu de valeur . Il y a eu une quelques réactions, et les rebelles ont tiré. Bilan: une vingtaine de morts pendant le week-end. Parmi ceux-ci étaient des enfants, qui se trouvaient dans une église qui était touché par des tir d’obus ...
Et ceci aussi dans le reste du pays. Les Pères Capucins ont dû abandonner la Mission de Gofo. Mais toutes les autres villes ont subi des dommages et sont dans la peur à cause de ces rebelles. On ne sait pas ce qu'ils veulent faire. Ils sont tout détruit: administration, économie, politique ...
Malheureusement, les politiciens (même ici!)et les leaders brillent pour leur incapacité et leur opportunisme ...
La seule voix qui s’est levée avec force et courage est celle de l’Archevêque de Bangui. Dans son homélie, dimanche dernier, et dans une interview à Radio Vatican (que vous pouvez lire ici http://www.beafrika.net/Le-temoignage-de-l-archeveque-de-Bangui-face-au-chaos_a761.html) il n'a pas eu peur de dire ce qui se passe, et qu'il voit tous les jours en visitant son peuple.
Il dit: "Tout le quartier hier (mardi) s’était vidé parce qu’il y avait une peur bleue comme quoi on allait brûler le quartier. Moi-même j’ai accompagné des enfants à pied pour leur faire traverser la route. Car tous ces enfants avaient peur y compris les parents. Psychose, scènes d’angoisse. Et je me pose la question comme peut-on accepter de traumatiser les plus petits enfants qui sont l'aujourd’hui et le demain d’un pays ? Rien qu’à voir les armes, les coups de feu et les véhicules qui roulent à vive allure, tous ces enfants ont peur. Il n’y a pas de climat de confiance mais avec qui on va travailler ? ce sont des questions que les nouveaux responsables doivent se poser eux-mêmes. Il est temps de créer ce climat de confiance. Il est temps de sécuriser les personnes et nous attendons cela des responsables politiques. Or actuellement nous avons l’impression que les éléments du Séléka qui ont tout le pouvoir, peuvent faire ce qu’ils veulent. Le moment est venu pour que ceux qui les ont amenés puisent les discipliner, les caserner, les cantonner et les désarmer afin que la population puisse vaquer à ses occupations. "
De toute façon… allons
de l'avant. Le
chantier pour la construction du Foyer pour accueillir les élèves de notre
école qui viennent de loin est toujours actif (voir photos ci-dessous).
Mercredi, je suis allé à Bouar, à 250 km d’ici, pour voir les confrères et les communautés qui sont là. C'était aussi l'occasion de rencontrer les membres de la Commission Justice et Paix, avec qui nous avons fait une évaluation de la situation, et essayé de penser à ce qu'il faut faire. Tant immédiatement (avec la dénonciation de toute forme de violence et d'abus), et à l'avenir, pour aider les gens, les chrétiens et en particulier les jeunes pour construire un avenir et jeter les bases d'un profond renouveau des mentalités ...
Aujourd'hui,
dimanche, pour célébrer la première messe à 6 heures 30, je suis parti à pied vers
la chapelle de Saint-Jean. Nous
n'avons qu'une seule voiture, parce que l'autre nous l’ avons caché de peur que
les rebelles les volent ...
Dans l'après-midi, nous avons fait une réunion avec le Comité paroissial de Caritas et de justice et de Paix, pour faire une première évaluation de la situation essayer de faire quelque chose, pour qu’au moins les écoles publiques puissent rouvrir ...
Et nous continuons, lentement, avec un peu de crainte, mais avec beaucoup de confiance ... Confiance parce que Jésus a dit dans l'Evangile d'aujourd'hui qui ne permettra pas de nous laisser tomber dans les mains de ceux qui veulent nous faire du mal.
Dans l'après-midi, nous avons fait une réunion avec le Comité paroissial de Caritas et de justice et de Paix, pour faire une première évaluation de la situation essayer de faire quelque chose, pour qu’au moins les écoles publiques puissent rouvrir ...
Et nous continuons, lentement, avec un peu de crainte, mais avec beaucoup de confiance ... Confiance parce que Jésus a dit dans l'Evangile d'aujourd'hui qui ne permettra pas de nous laisser tomber dans les mains de ceux qui veulent nous faire du mal.
Confiance aussi pour les prières et la sympathie de
beaucoup de gens . Je vous
remercie!
Dessein d'un enfant...C'est comme la situation du pays |
dimanche 14 avril 2013
Guerre et paix ...
Cette semaine, comme depuis trop de mois...
des notes de joie et malheureusement, beaucoup de notes (trop) de chagrin et de
tristesse ...
Alors que dans le reste du pays la situation est malheureusement encore très dangereuse (avec tirs et pillages), ici à Bozoum nous vivons dans un calme relatif ... Grâce à quoi? Probablement la volonté du peuple, mais aussi à la présence du Consul du Tchad ... c'est chez lui que les rebelles visitent en arrivant à Bozoum ....
Lundi, nous reprenons le chantier, pour construire un Foyer pour les élèves qui viennent de loin ... Espérons!
Mercredi à 5 heures nous nous prenons la route moi, Joseph (le mécanicien) et Christin (le responsable des caisses d'épargne). Direction: Ndim, un village à 160 km au nord, mauvaises routes et des ponts qui sont pires!
A 8h je passe à Bocaranga, où il y a une paroisse des Capucins, et une maison des Sœurs de la Charité. Dans cette ville, les rebelles ont pillé la base de l’ONG américaine IRC, qui travaille (travaillait plutôt…) dans les écoles, les soins de santé, les forages, etc ...
En partant de Bocaranga, nous rencontrons une voiture pleine de rebelles ... mitrailleuses, cartouchières, lunettes de soleil ... Inquiétant ... Nous passons comme si rien ne s'était passé ...
A 9 heures, nous sommes à Ndim. Il y a ici une communauté de capucins, et une des Soeurs de la Miséricorde. Ils sont bien, mais tout le monde est inquiet et tendu ... Vivre pendant des mois sous tension et la peur ... c'est très dur.
Eux aussi, ils ont rouvert les écoles, comme nous et Bocaranga, et essayent de donner aux enfants l'impression d'une certaine normalité.
Nous allons visiter la Caisse d'épargne, qui la semaine précédente, le 4 Avril, a été attaqué et pillé par les rebelles.
Les rebelles ont arraché la grille et défoncé la porte en bois et sont entrés. Ils ont pillé ce qu'ils ont trouvé, brisant les armoires et les tiroirs, et en essayant d'ouvrir le coffre.
Ils ont échoué, mais entre le matériel (3 batteries pour les panneaux solaires, des calculatrices, des chaises, des livres et registres) et de l'argent en espèces (environ € 1.000) il y a des pertes pour plus de 2000 Euros, mais ce qui est pire c’est que ça remet en question la poursuite de cette initiative ...
Après le déjeuner, nous partons pour le retour. Nous voyageons avec quelques-uns des élèves de notre école qui étaient rentré en vacances. Mais, plus important encore, est avec nous Pierre, un garçon de 14 ans, qui avait été amené ici pour le faire traiter par les religieuses pour des déséquilibres psychologiques (il ne parlait plus, il avait des réactions étranges ...). Merci à Dieu et à l'œuvre des Sœurs, il va bien maintenant et il rentre sain à la maison!
Jeudi après-midi, il y a le Conseil des professeurs pour le deuxième trimestre, et la distribution des bulletins, le samedi matin ...
Vendredi après-midi j’organise un temps de réflexion et de formation pour les jeunes, sur les problèmes du moment, en essayant de les aider à comprendre et surtout à réfléchir ....
Et aussi, hier, samedi, nous recevons malheureusement deux mauvaises nouvelles: les rebelles ont attaqué le couvent de Bangui (le matin) et le séminaire de la Yolé dans la soirée ...
A Bangui, grâce à l'intervention de l'archevêque et des amis, ils parviennent à éviter le pire: les rebelles s'en vont après avoir cassé les vitres de certaines voitures ...
Au Séminaire de la Yolé, la situation est plus difficile. Samedi soir, deux rebelles armés viennent, accompagnés d'un jeune de Bouar. Ils prennent en otage une infirmière au dispensaire, et l’obligent à se faire ouvrir la porte. Ils exigent de l'argent et menacent même avec quelques tirs. Pendant ce temps, les Pères arrivent à informer les gens de Bouar (qui est à 8 km). Le message a également été lancé sur la station de la radio locale, Radio Siriri, et quelques amis vont chercher le chef local des rebelles, et le conduisent à la Yolé avec des éléments armés. Ceux-ci, comme ils arrivent, ils commencent à tirer, estimant que les rebelles sont toujours à l'intérieur (mais ils avaient déjà disparu) ...
Bilan: beaucoup de peur, des traces des balles sur les murs et, heureusement, personne n'a été blessé ou pire!
Le problème est que le Yolé il y a 80 garçons, du collège au lycée ... et maintenant les pères qui sont là (P.Enrico, p. Maurice et P.Marco) sont confrontés au dilemme de savoir s'il faut garder ou non les garçons ...
Tout cela après trois semaines du coup d'Etat, est un signe clair de l'incapacité des nouveaux maîtres de gérer la situation... Le futur est très sombre…
Alors que dans le reste du pays la situation est malheureusement encore très dangereuse (avec tirs et pillages), ici à Bozoum nous vivons dans un calme relatif ... Grâce à quoi? Probablement la volonté du peuple, mais aussi à la présence du Consul du Tchad ... c'est chez lui que les rebelles visitent en arrivant à Bozoum ....
Lundi, nous reprenons le chantier, pour construire un Foyer pour les élèves qui viennent de loin ... Espérons!
Mercredi à 5 heures nous nous prenons la route moi, Joseph (le mécanicien) et Christin (le responsable des caisses d'épargne). Direction: Ndim, un village à 160 km au nord, mauvaises routes et des ponts qui sont pires!
A 8h je passe à Bocaranga, où il y a une paroisse des Capucins, et une maison des Sœurs de la Charité. Dans cette ville, les rebelles ont pillé la base de l’ONG américaine IRC, qui travaille (travaillait plutôt…) dans les écoles, les soins de santé, les forages, etc ...
En partant de Bocaranga, nous rencontrons une voiture pleine de rebelles ... mitrailleuses, cartouchières, lunettes de soleil ... Inquiétant ... Nous passons comme si rien ne s'était passé ...
A 9 heures, nous sommes à Ndim. Il y a ici une communauté de capucins, et une des Soeurs de la Miséricorde. Ils sont bien, mais tout le monde est inquiet et tendu ... Vivre pendant des mois sous tension et la peur ... c'est très dur.
Eux aussi, ils ont rouvert les écoles, comme nous et Bocaranga, et essayent de donner aux enfants l'impression d'une certaine normalité.
Nous allons visiter la Caisse d'épargne, qui la semaine précédente, le 4 Avril, a été attaqué et pillé par les rebelles.
Les rebelles ont arraché la grille et défoncé la porte en bois et sont entrés. Ils ont pillé ce qu'ils ont trouvé, brisant les armoires et les tiroirs, et en essayant d'ouvrir le coffre.
Ils ont échoué, mais entre le matériel (3 batteries pour les panneaux solaires, des calculatrices, des chaises, des livres et registres) et de l'argent en espèces (environ € 1.000) il y a des pertes pour plus de 2000 Euros, mais ce qui est pire c’est que ça remet en question la poursuite de cette initiative ...
Après le déjeuner, nous partons pour le retour. Nous voyageons avec quelques-uns des élèves de notre école qui étaient rentré en vacances. Mais, plus important encore, est avec nous Pierre, un garçon de 14 ans, qui avait été amené ici pour le faire traiter par les religieuses pour des déséquilibres psychologiques (il ne parlait plus, il avait des réactions étranges ...). Merci à Dieu et à l'œuvre des Sœurs, il va bien maintenant et il rentre sain à la maison!
Jeudi après-midi, il y a le Conseil des professeurs pour le deuxième trimestre, et la distribution des bulletins, le samedi matin ...
Vendredi après-midi j’organise un temps de réflexion et de formation pour les jeunes, sur les problèmes du moment, en essayant de les aider à comprendre et surtout à réfléchir ....
Et aussi, hier, samedi, nous recevons malheureusement deux mauvaises nouvelles: les rebelles ont attaqué le couvent de Bangui (le matin) et le séminaire de la Yolé dans la soirée ...
A Bangui, grâce à l'intervention de l'archevêque et des amis, ils parviennent à éviter le pire: les rebelles s'en vont après avoir cassé les vitres de certaines voitures ...
Au Séminaire de la Yolé, la situation est plus difficile. Samedi soir, deux rebelles armés viennent, accompagnés d'un jeune de Bouar. Ils prennent en otage une infirmière au dispensaire, et l’obligent à se faire ouvrir la porte. Ils exigent de l'argent et menacent même avec quelques tirs. Pendant ce temps, les Pères arrivent à informer les gens de Bouar (qui est à 8 km). Le message a également été lancé sur la station de la radio locale, Radio Siriri, et quelques amis vont chercher le chef local des rebelles, et le conduisent à la Yolé avec des éléments armés. Ceux-ci, comme ils arrivent, ils commencent à tirer, estimant que les rebelles sont toujours à l'intérieur (mais ils avaient déjà disparu) ...
Bilan: beaucoup de peur, des traces des balles sur les murs et, heureusement, personne n'a été blessé ou pire!
Le problème est que le Yolé il y a 80 garçons, du collège au lycée ... et maintenant les pères qui sont là (P.Enrico, p. Maurice et P.Marco) sont confrontés au dilemme de savoir s'il faut garder ou non les garçons ...
Tout cela après trois semaines du coup d'Etat, est un signe clair de l'incapacité des nouveaux maîtres de gérer la situation... Le futur est très sombre…
jeudi 4 avril 2013
Pourquoi rester?
Le dimanche de Pâques, un de mes cousins m'appelle et me dit « vas pas te faire tuer, plutôt sort de là-bas ».
Je lui ai dit que tout était calme, même si ce n'était pas vraiment ça...
Quand un pays est dans une situation telle que la Centrafrique, tout peut arriver. La rébellion a conquis une ville après l'autre, et partout il y a eu la destruction et le pillage.
Quand il y a des problèmes, les premiers à fuir sont les autorités civiles et militaires ... Les mêmes personnes qui jusqu'à récemment étaient les tyrans et despotes des plus faibles, maintenant ils se font de petits et invisibles ...
Partis les médecins, les infirmières, les enseignants... Bref, la ville est vidée.
Un silence étrange, et tous attendent pour le pire ... Chaque bruit est suspect ... une moto fait peur, un chien qui aboie ... qu'est-ce que ce sera? Les nouvelles circulent... les rebelles sont ici, ils sont là, ils l'ont fait tel ou tel ... ils cherchent le Père Aurelio, ils cherchent la voiture des Pères…
Puis commencent les tirs. Le cœur commence à battre incontrôlable, le mal d'estomac, maux de ventre... c'est comme si le corps a cédé la place à la peur, tandis que la tête tente de raisonner ... même si elle n’arrive pas à maitriser la situation...
Et quand la situation devient plus difficile quand vous réalisez que vous êtes l'un des rares «personnalité» qui est resté ... vous vous demandez pourquoi ...
Parce que les gens ont besoin d'un père, une mère, une sœur. Même si vous ne faites rien, le simple fait d'être là, donne de l'espoir et de l'aide. C'est comme être à côté d'une personne malade ou un enfant qui dort. Il sait que vous êtes là. Et votre présence est aussi le signe d'une autre Présence ...
Parce que vous savez que si vous allez, ce que vous avez construit au fil des années est susceptible d'être détruit: les écoles, les hôpitaux, les coopératives agricoles, la Caisse d’épargne ... Tout peut être détruit en peu de temps. Et peut-être il n’y aura pas la force et les moyens de recommencer... Et vous ne vous souciez pas tellement pour ce que vous avez fait, mais parce que dans tout cela, c'est le travail effectué avec les gens, l'éducation et la formation commencées très lentement, et qui sont susceptibles d'être bloqué de façon permanente ...
Parce que vous savez que Lui il est toujours à vos côtés, même lorsque le bateau semble être sur le point de se noyer ...
Parce que de temps en temps, il arrive un homme, une femme, en vous disant: Je vous remercie, car vous restez! Ou un enfant qui vient à votre école, malgré tout, et il vous regarde et sourit ...
Et puis, vous aussi, malgré la peur, le mal d'estomac, la moitié des nuits sans dormir, vous savez que vous faites quelque chose de beau et important, vous donnez la caresse du Nazaréen à ceux qui en ont le plus besoin!
Courage? Un peu… mais plein de beaucoup de peur. Mais plein, aussi, de la Présence de quelqu'un qui n'a pas l'intention de nous abandonner. Jamais!
Ici... la Caisse d'Epargne et Crédit de Ndim (160 km de Bozoum) que nous avons ouvert l'année passée- Elle a été pillée par les rebelles...
heureusement... ils n'ont pas pu vider le coffre, qui était vide...
et ici nous sommes à Bozoum, le jour de Paques.
Hier nous avons re-ouvert les écoles.... ça aussi c'est la Resurrection...