vendredi 5 août 2011

Une interview...

Bozoum, baptemes

Bozoum, la messe du dimanche
Quand etes-vous arrive en RCA pour la premiere fois?
Je suis arrivé en 1982... pour un stage d'un an. Je venais de terminer le lycée, et avant de commencer la théologie il y avait la possibilité de faire un stage, qui normalement devait se faire en Italie. Mais nous étions 4 jeunes frères, et 2 sont restés en Italie, et moi et fr.Roberto nous sommes venus à Bozoum pour un an. A ces temps... il n'y avait pas de radio, même pas de téléphone... mais nous étions jeunes (20 ans) et c'était magnifique de pouvoir vivre en Afrique, que je rêvais depuis longtemps. Puisque nous ne connaissions pas trop la langue, au moins au commencement, notre activité c'était très simple: donner un coup de main à la Mission: aider les maçons, les mécanicien, les pères et les Soeurs. Parfois on travaillait à la maison, parfois on partait dans les villages...
Pour moi c'était un moment très beau: d'un coté je vivais chaque jour plus dans la découverte de l'Amour Gratuit de Dieu, mais aussi l'ouverture vers un autre monde, une autre culture. Certaines choses qui avant me semblaient très importantes, retournaient à leur petite dimension. et d'autres que me semblaient inutiles, devenaient importantes...
Par exemple... prendre du temps pour rester avec quelqu'un simplement pour parler. Ou bien l'importance de faire quelque chose de bon à la cuisine... simplement pour que les autres soient contents... Et la découverte des gens, le sourire des enfants, la simplicité, mais aussi les difficultés, les maladies...
Quelle était la situation en RCA au début de votre séjour?
Le pays venait de sortir de la dictature de Bokassa. Il y avait eu un coup d'état fait par un militaire. les hopitaux et la santé marchaient très peu. Les écoles... étaient mieux que maintenant... Mais il n'y avait pas d'insécurité ni de rebellions...
Qu'est-ce qui a change depuis ce temps?
entre 1982 et 1994, les choses ont empirés. L'état ne payait plus les salaires aux fonctionnaires (santé, écoles, militaires...) et l'économie s'est affaiblie. En 1994 il y a eu les élections, avec un autre président, qui a fait encore pire. et on a commencé une période d'instabilité, avec plusieurs tentatives de coup d'état chaque année. Les retards dans les payements des salaires ont augmentés, jusqu'au moment où une partie de l'Armée a réagi, et il y a eu un coup d'Etat qui a mis en place un nouveau président, François Bozize. En 2005 il y a eu des élections, et aussi cette année, 2011.
La situation des écoles a continué à se dégrader. Actuellement l’État arrive à payer seulement 15 à 20 % des maîtres. les autres, c'est les parents, ou l’Église Catholique qui les prend en charge...
Vous etes en RCA depuis XX annees, qu'est-ce qui a été le plus difficile
pour vous pendant ce temps?

Il y a eu des moment difficiles à cause de la santé, ou pour d'autres problèmes. Mais il y a eu le moment entre décembre 2002 et mars 2003 qui a été particulièrement difficile: une parie de l'armée s'était révoltée, et avec l'appui de mercenaires du Tchad ont pris le Nord du pays. J'étais à Bouar, avec plus de 250 enfants sous ma responsabilité, et il y avait vraiment peur. Mais en même temps on voulait donner aux enfants le courage et l'exemple de rester sur place, et de travailler malgré tout. Après je suis venu à Bozoum, et il y avait tout à recommencer, parce que la Mission avait été abandonnée, et les rebelles avait tout saccagé... Il fallait redonner courage aux gents, et recommencer, petit à petit.
en même temps, il y avait aussi le problème des bandits, qui sévissaient dans la région, et qui ont causé la fuite des gens vers Bozoum: on est arrivés à 12 000 réfugiés (sur une population de 16 000 habitants...)
Notre association Siriri repete souvent qu'elle s'appuie sur une bonne
position des carmes OCD en RCA. Et vous, sur quoi vous appuyez-vous?

Sur Dieu... sur les hommes et les femmes de bonne volonté (d'ici et de partout dans le monde)et... sur moi meme. l'autre jour j'ai vu cette frase dessinée sur une maison: si Dieu veut, je ferais ce que je veux....
Heureusement il y a beaucoup de bonne volonté, un peu partout, et beaucoup de générosité.
SIRIRI aussi nous aide beaucoup. c'est d'abord important que les gens aient confiance dans le travail que nous faisons et c'est aussi important de donner la possibilité à quelqu'un de faire du bien...
SIRIRI nous aide depuis longtemps. D'abord avec la présence de volontaires (le dr.Marcel Drilik, Jana, Terezie, Martin, Pawel.... (ici il faudrait mettre aussi les autres noms...) et après avec le soutient téchnique (le travail des architectes... des docteurs... des enseignants...) et économique, soit pour l'école, que pour le Centre des Orphelins que nous avons ici, et qui accueille plus de 230 enfants...
Un travail a long-terme dans un pays ou il n'y a pratiquement pas d'infrastructure, ou pratiquement rien ne fonctionne: ni les agences et organismes d'Etat, ni les écoles, ni la police, ni les hopitaux: cela demande de savoir s'appuyer sur les personnes individuelles et etre capable de faire sortir leur potentiel... comment parvenez-vous a travailler dans un tel environnement?
En faisant le mois possible... je blague. mais il y a un peu de vérité. normalement, quand il y a quelque chose à fqire, je préfère voir si c'est quelque chose que les gens demandent. Par exemple, nous travaillons beaucoup dans l'agriculture: normalement je cherche de réagir aux besoin que les gens expriment, et pour les choses que les gens ont déjà commencé à réagir pour les obtenir...
c'est aussi important d'avoir de bons collaborateurs, et je remercie beaucoup parce j'ai certains collaborateurs, qui sont des jeunes de Bozoum même, qui sont très bien, dynamiques, motivés et sérieux.
Qu'est-ce qui est le plus important pour la RCA en ce moment? De quoi
a-t-elle le plus besoin? Et l'Afrique en général?

de tout! il y a besoin de confiance, d'espoir, d'une classe politique meilleure, d'une école qui marche, d'hopitaux qui fonctionnent, de paix....
Nous travaillons beaucoup sur plusieurs directions, qui se chevauchent et se rencontrent, et dont chacune devient l’âme de l'autre:

  1. la dimension spirituelle: le Christ révèle l'homme à l'homme, et nous sommes ici à cause de Lui. Nous avons connu que c'est Lui la vérité de chaque homme, et nous sommes ici pour annoncer cette Bonne nouvelle. Ensemble avec ce travail, il y a une œuvre de formation des consciences qui est très importante
  2. l'éducation: depuis le commencement des Missions, c'est un élément inscrit dans le ADN (DNA) des Missionnaires. Nous avons ici à Bozoum une école maternelle (140 enfants), une école primaire (540 élèves), le Collège (97 élèves), et une vingtaine d'écoles en brousse, dans les petits villages, pour plus de 1800 élèves. Si tout va bien, nous voulons continuer le Collège et ouvrir un Lycée, peut être même un Lycée agricole...
  3. l'agriculture et le développement: nous suivons plus de 500 petites coopératives agricoles, avec la formation, l'encadrement et la préparation des dossiers administratifs. Tout ce travail culmine dans les FOIRES AGRICOLES qui ressemblent chaque année les producteurs et les commerçants, pour l'exposition et la vente des produits agricoles. C'est le moment de faire connaître un visage positif de l'agriculture et de l’élevage, surtout pour les jeunes. Cette année dans les 2 Foires que nous avons réalisées, les coopératives ont vendu pour plus de 75 mille euro....
  4. la paix et la justice: nous essayons de garder les yeux ouverts, et au moins de signaler les injustice, les actes de violence, la corruption de tout coté (militaires, rebelles etc) et nous essayons de créer des conditions pour un dialogue entre les parts qui sont en tension (rebelles, et bandits..., et Gouvernement)
Vous sentez-vous après tant d'années en RCA plus un Italien ou un
Centrafricain?
Je ne sais pas trop... mais je suis italien, Centrafricain, tchèque...
Les racines ne s'oublient pas... je viens de préparer le PESTO, la sauce pour les pâtes, mais j'aime bien parler en Sango, ou en Français. C'est qui est important, c'est que malgré les difficultés et, parfois, les déceptions, c'est que j'aime bien ce pays...

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