Antibalaka à Bozoum |
Tandis que
souffle le harmattan, la situation du pays est exposée aux secousses et aux
vents de violences : communauté contre communauté, rebellions nouvelles ou
anciennes… Nous essayons d’avancer, mais
c’est pas évident ! Un peu partout, à Bozoum, Bouar, Bocaranga, on voit la
folie de la guerre civile s’installer, et le rêve de la paix et du
développement s’éloigner… Mais il ne faut pas désespérer…
Entre autres… la
bonne nouvelle de l’arrivée de Hyppolite, un garçon de Bozoum, en Italie, pour être
soigné (il est paralysé depuis 4 ans). Il a subi une importante intervention
chirurgicale ce mercredi 12 février, et il va bien. Un grand merci aux médecins
et au personnel soignant, à Maurizio, à Alessandra et Marta qui sont auprès de
lui, et à tous ceux qui ont permis la réalisation de ce rêve !
Samedi 8 février 2014
Encore des tirs
pendant la nuit...
Vers 9h 30 nous
commençons une grande réunion entre autorités de la ville, quelques maires de
la brousse, et des chefs des antibalaka. Tous nous sommes d’accord pour dire
que l’œuvre des antibalaka, avec le départ de la Seleka et des Musulmans, est
terminée.
Nous les avons
bien grondés… et nous avons essayé de les mettre face à leurs
responsabilités : pillages, tirs, morts et blessés…
Maintenant, c’est
assez. D’ici lundi nous voulons que les activités de la ville (école, commerce,
bureaux) puissent reprendre. Donc : non aux tirs, non aux armes en ville,
non aux tenues militaires. Et nous avons exigé qu’ils ramènent les kalachnikovs
pris aux gendarmes…
Depuis ce matin
nous n’avons pas entendu des tirs… Espérons !
Ce matin un des
musulmans de Bozoum, parti mercredi avec le convoi, m’a appelé pour me dire qu’il
est bien arrivé au Tchad, et pour me remercier. Ça m’a beaucoup réjoui !
Et à 22h 30
arrive la dernière nouvelle de la journée, une grande nouvelle: notre cher
Hyppolite, un enfant paralysé de Bozoum, est enfin arrivé à l’aéroport de
Bologna, en Italie
Dimanche 9 février 2014
Peu de tirs
pendant la nuit, et la journée est presque tranquille! Aujourd’hui j’ai célébré
les Messes avec la couleur violet, pénitentielle, sans Gloria et avec peu de
chants… Pourquoi ? parce j’ai voulu aider les chrétiens à réfléchir, à
demander pardon pour nous péchés, en particulier pour le fait que beaucoup, au
moment du départ des musulmans de la ville, se sont réjoui et ont fait des
fêtes et des danses, et pour les vols et pillages…
Lundi 10 février 2014
Rencontre avec
les antibalaka qui ont occupé la Gendarmerie... Ils l’ont enfin libérée, mais
pour occuper une autre maison !
Mardi et mercredi 11 et 12 février 2014
Avec un médecin
et un responsable de MSF, nous partons à
6h, direction Bocaranga, Ndim et Ngaundaye, où nous arrivons vers 16h, après
210 km de routes mauvaises.
Nous rencontrons
des gens avec des armes artisanales,
mais pas il n’y a de barrières à l’allée (nous en trouverons 3 au
retour…). Nous savons qu’il y a des
rebelles de Baba Laddè à Bang, à la frontière avec le Cameroun, et que les
antibalaka cherchent de les chasser, mais sans succès.
Ce mardi même,
ces rebelles ont brulé des villages entre Bang et Ngaundaye, et le risque d’un
attaque est élevé. D’autant plus que,
malgré les appels, aucune force militaire est intervenue pour protéger la
population, ni les français de Sangaris, ni les Camerounais de la MISCA (qui
pourtant ne sont qu’à 150 km).
Nous retrouvons les
villages avec peu des gens. A Ngaundaye il y a quelques maisons brulées, et
l’hôpital est carrément vide : pas de malades, pas de médecin, pas de
médicaments…
Il y a 4 frères
capucins : 2 centrafricains, un italien et un polonais, et 2 sœurs et une
laïque polonaise. Tous, ils sont très choqué encore, après le passage de la
Seleka le 21 janvier : ils les ont
menacé, et ils ont volé tout ce qu’ils ont pu, y compris 2 voitures, et pris en
otage le frère Roland (libéré quelques heures après).
Toutes les
activités (écoles, Centre de Promotion féminine, hôpital, etc.) sont
suspendues… et l’horizon est partout très très sombre.
D’autant plus
qu’on ne voit pas d’amélioration, et que les forces militaires comme la MISCA
sont bien loin d’être efficaces :
au moment que des centaines de Seleka étaient en train de traverser le
pays pour aller vers le Tchad, ils ne les ont pas escortés (et les conséquences
sont là : les pillages, les incendies, les assassinats et les viols). Par
contre, quelques jours plus tard, il en ont escorté d’autres, mais pour les
accompagner de Paoua vers Kaga Bandoro,
une zone que les Seleka voudraient occuper pour partager le pays…
Au retour nous
sommes passés par le village de Nzakoun, à 14 km de Ngaundaye, où les Seleka
ont massacré 22 personnes (dont 14 femmes) dans leurs propres maisons.. Ils ont
lancé une roquette sur le petit poste de santé, qui a été détruit…
Jusqu’où on ira
avec cette folie ?
Jeudi 13 février
Hier soir est
arrivée la MISCA à Bozoum, enfin !
A 8h réunion,
comme d’habitude. Il y a aussi un jeune, qui dit être un militaire de l’armée
régulière (FACA ). Nous avons quelques doutes, parce qu’il dit etre en mission,
mais il n’a pas de pièces d’identifications no d’ordre de mission.
Nous rencontrons
la MISCA, et nous exposons nos soucis et la situation de la ville, avec les
antibalaka qui détiennent encore des kalachnikovs…
Dans la journée
je reçois des nouvelles de Ngaundaye. Les militaires de la Misca sont arrivées
dans la matinée, ils ont rencontré les antibalaka et les rebelles de l’APRD, et
ils les ont engagés pour aller attaquer le village de Bang, poste de douane et
frontière avec le Cameroun, où il y a une centaine de rebelles de Baba Laddé,
très bien et très lourdement armés.
Arrivés sur
place, les rebelles de Baba Laddé ont pris la fuite en brousse, avec les armes…
La Misca aurait laissé les antibalaka sur place….
Donc, au
final : le poste de douane est dans les mains des antibalaka, et les rebelles
sont en brousse…
Le futur ?
très très sombre ! Si la Misca ne reste pas sur place, ça sera le désastre
pour la zone, la frontière et les villages.
A Bozoum, à 16h,
je rencontre enseignants et élèves du Lycée public, pour essayer de voir si on
peut redémarrer les cours, qui avaient commencé le 11 novembre, pour être
interrompus le 4 décembre… Le Lycée a subi des pillages (portes, fenêtres,
tables, livres…) et nous avons demandé aux élèves de s’impliquer pour
rechercher ce qui a été volé, et pour reprendre les cours lundi… on
verra !
Antibalaka à Bozoum... avec des toles volées Antibalaka con armi e bagagli (lamiere rubate) |
Antibalaka |
Boutques pillées en décembre par la Seleka à Ngutere Negozi saccheggiati dalla Seleka a Ngutere |
Ngaundaye: Pères Capucins et Soeurs polonaises à la prière du matin Ngaundaye: i padri cappuccini e le suore polacche alla preghiera del mattino |
le poste de santé de Hanzoung détruit par les Seleka le 4 février il dispensario di Hanzoung distrutto dalla Seleka il 4 febbraio |
Le poste de santé de Hanzoung il dispensario di Hanzoung |
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