Lundi 17 mars 2013
Depuis quelques
jours des jeunes de la ville, qui se disent antibalaka (mais qui n’ont jamais
combattu contre la Seleka…) sont en agitation. D’abord ils ont demandé au
Comité de Médiation de pouvoir poser des barrières à l’entrée et à la sortie de
la ville de Bozoum. Ce Comité (composé par Le SG de la Préfecture, la Maire, le
Curé de la Paroisse, un Pasteur, la Présidente des Wali-Gala –commerçantes du
marché- , la MISCA et des ONG telles que Caritas, Justice et Paix. MSF, Croix
Rouge) avait refusé cette proposition.
Après avoir
installé les barrières, les soi-disant antibalaka ont pris le prétexte de la
fin de la présence de MSF à Bozoum pour
s’en prendre au personnel de l’Hôpital, en l’accusant d’avoir poussé MSF à
partir de Bozoum.
Malgré que le
Comité de Médiation et MSF même aient bien précisé que ce départ était
programmé, et qu’ils doivent s’occuper des endroits plus en difficulté de la
région (Bocaranga, Ngaundaye et Bang, en particulier), ces soi-disant
antibalaka n’ont pas cessé de se plaindre et de menacer le personnel de
l’Hôpital.
Il faut rappeler
aussi que le personnel de l’Hôpital de Bozoum a travaillé pendant tout ce temps
de crise, sous les menaces des Seleka d’abord, des Peuls et des Musulmans
après, et maintenant sous les menaces des antibalaka. Même pendant les combats,
le personnel a toujours assuré la présence et les activités de prise en charge
des malades, malgré la peur et les menaces (en janvier, les Seleka ont même
tiré dans l’enceinte de cet établissement public).
Ce matin ces
soi-disant antibalaka ont envahi l’Hôpital, et ils ont séquestré Madame l’intérimaire du Médecin, Mme Koikouma
Marie Renée, en la menaçant avec des
armes et des bâtons.
Ils ont promis de
faire du mal au personnel, et Madame l’Intérimaire a été menacée de mort. Avec
l’intervention de la MISCA, ils sont partis, sans oublier de voler une porte et
de fermer le forage d’eau (qui est à la disposition des malades et des
habitants de la zone) en demandant une
rançon de 100.000 f CFA…
A cause de ces
actes, l’Hôpital de Bozoum est fermé et le personnel menacé ne peut pas effecteur
son travail au service des malades de Bozoum…
Le Comité de
Médiation (qui se réuni chaque jour à 8h 00) a invité ce matin les chefs des
quartiers de Bozoum, qui sont venus nombreux. Le but de la réunion est
d’essayer d’impliquer la société civile, et en particulier ces chefs, pour
qu’il y ait une réaction face aux violences et exactions des soi-disant
antibalaka.
Chaque chef a
fait un compte rendu de ce qui se passe dans son quartier, et nous avons
convenu de :
1.
Organiser une réunion dans chaque quartier (en
impliquant en particulier les femmes) pour une sensibilisation par rapport aux
pillages, à la circulation des armes et à la consommation de drogues
2.
Instituer
une réunion hebdomadaire chaque lundi, entre Comité de Médiation et chefs de
quartiers
3.
Instaurer
un Comité de Sages pour régler les conflits (vols, bagarres…) et éviter ainsi que les soi-disant antibalaka
fassent fonction de juges.
4.
Ecrire
une lettre au Gouvernement pour attirer l’attention sur l’absence du Préfet et
des autorités, et pour demander l’envoi des forces de l’ordre (Gendarmerie et
Police)
5.
La
mise en exercice de 2 numéros de téléphone pour appeler en cas de danger et de
problème
Mardi 18 mars 2014
Je me déplace à
Bocaranga, pour organiser l’achat et la distribution de semences d’arachides
aux populations affectées de Bocaranga, Ndim et Ngaundaye.
Départ à 6h 15
pour Bocaranga, mais avant je passe voir la MISCA, par rapport aux nombreux
tirs de cette nuit. La situation est sous contrôle, mais des soi-disant
antibalaka, vers 23h, ont tiré des rafales avec des kalachnikovs contre la
MISCA (heureusement sans blessés).
Sur la route, à
85 km, je vois des habits et des colis par terre, à côté de la route. C’est
évident qu’il y a eu une attaque contre des Peuls. Plus tard, je reçois la
confirmation. Des Peuls de passage, en transhumance avec 100 ou 200 vaches, ont
été attaqués et ils sont dispersés. Les antibalaka (et la population) en a
profité pour détruire les troupeaux.
Effectivement,
soit à l’allée qu’au retour je rencontre plusieurs dizaines d’antibalaka et des
gens avec de grands morceaux de viande sur les motos ou sur la tête.
D’autres sont en train d’en fumer
des grandes quantités. D’autres encore
poussent des vaches et même des petits veaux vers la ville…
En tout le pays
est en acte la destruction du bétail. Au lieu de le mettre en valeur, les gens
préfèrent tuer et manger, sans se soucier du lendemain. Et dans quelques mois,
ça sera très difficile de trouver de la viande. Sans oublier que la plupart des
troupeaux appartiennent à des notables du Tchad…
Au retour, dans
le village de Kake, à 30 km de Bocaranga, je m’arrête parce que je vois un
grand nombre de Peuls. Il s’agit des femmes et enfants, qui ont fui l’attaque de dimanche et se
retrouvent ici, protégées (au moins en partie) par le village et les antibalaka
même…
Ils sont très
fatigués, et pas en bonne santé. Je cherche de les rassurer, je demande aux
gens de les mettre dans un lieu tranquille, et de chercher de l’eau.
A mon arrivée à
Bozoum, j’alerte MSF et la Mission de Bocaranga pour qu’ils puissent aller les
voir…
Mercredi
19 mars 2014
Je pars avec le
père Norberto a Baoro (170 km) pour une réunion avec les autres Pères Carmes
(de Bouar, Baoro et Bangui). C’est pratiquement depuis un an que nous n’avions
pas la possibilité de nous rétrouver. C’est une grande joie !
Jeudi 20 mars 2014
Nous reprenons la
réunion de 8h, et la situation est un peu plus tranquille. L’hôpital a recommencé
à fonctionner, après les menaces des
antibalaka. Hier certains sont venus présenter des excuses… et on reprend !
Riunione con i capi quartiere Réunion avec les chefs de quartier |
Fiori di frangipane Fleurs de Frangipanier |
un vitello, appena nato e appena rubato... un petit veau, qui vient de naitre, et d'etre volé... |
La concelebrazione della Messa a Baoro la concélébration de la Messe à Baoro |
Marie Renée, l'infermiera minacciata dagli antibalaka Marie Renée, le major menacé par les antibalaka |
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